Après Johannes Brahms et Robert Schumann, Demandez le programme vous propose de découvrir la vie de Joseph Haydn, en musique. Si le compositeur des Symphonies londoniennesa marqué toute une époque et même plus, que connaissez-vous réellement de lui ?
Haydn a été influencé par Carl Philipp Emanuel Bach, le fils du compositeur Jean-Sébastien
Joseph Haydn est né le31 mars 1732 dans une famille autrichienne modeste: sa mère était cuisinière et son pèrecharronainsi que harpiste amateur.Haydn fut le premier, avantMozart, à vouloir devenir musicien indépendant. Ses débuts sont difficiles et c’est grâce à son voisin, le poète Métastase, qu’il a la chance de faire la connaissance du professeur de chant et compositeur Nicola Porpora en 1753. Celui-ci lui enseigne la composition, fait de lui son assistant et l’introduit dans les milieux aristocratiques. C’est ainsi que le baron Karl Joseph von Fürnberg invite Haydn en 1757 à participer aux séances de musique de chambre dans son château. Il y compose ses premiers Divertimenti. L’année suivante, sur la recommandation de Fürnberg, Haydn devient directeur de la musique chez le comte Karl Joseph von Morzin qui est son premier employeur. Alors influencé par la musique deCarl Philipp Emanuel Bach (le deuxième fils de Jean-Sébastien), il compose ses premières symphonies ainsi que des sonates pour piano.
En difficulté financière, le comte Morzin doit se résoudre à dissoudre son orchestre. Joseph Haydn retrouve rapidement une place auprès d’une des plus grandes et des plus fortunées familles de la noblesse hongroise : celle des princes Esterházy. Il servira cette famille pendant plus de trente ans. D’abord au service de Paul II Anton Esterházy, Haydn est engagé à la cour en même temps que le violoncelliste Joseph Weigl, pour qui il compose son premier concerto pour violoncelle en 1762. La partition de ce concerto a été longtemps égarée jusqu’à sa redécouverte en1961dans des archives dumusée national de Prague.
Les Symphonies parisiennes, sont jouées pour la première fois dans la capitale par le Concert de la Loge olympique
Après Paul II Anton, la plus grande partie de l’activité d’Haydn se confond avec le règne de son frèreNicolas(dit «le Magnifique»), prince féru de musique et qui laisse à Haydn toute capacité de développer librement son génie. Dans ce contexte, Haydn compose en 1772 ce qui deviendra l’un des tournants de l’histoire de la musique : Les Quatuors op.20. Influencé par les nouvelles idées philosophiques et politiques du mouvement «Sturm und Drang», radicalisant l’esprit des Lumières et précurseur du romantisme, Haydn y développe des techniques qui définiront par la suite les grandes lignes de l’écriture pour quatuor. Durant les années passées au service des Esterházy, Haydn écrit plus de cent symphonies, expérimentant dans ce domaine comme aucun compositeur ne l’avait fait avant lui. La célébrité de Joseph Haydn ne cesse de croître dans toute l’Europe, jusqu’à faire de lui, le musicien le plus fêté et admiré du continent. Dans les années 1780, Haydn reçoit des commandes directes et propose ses compositions en édition à Vienne, Paris et Londres.
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Un des premiers orchestres à jouer Haydn à Paris est le Concert de la Loge olympique : un orchestre issu d’une loge maçonnique, composé de professionnels et d’amateurs avec, pour chef d’orchestre, le Chevalier de Saint-George qui se produisait au palais des Tuileries. C’est ainsi que le comte d’Ogny, promoteur et violoncelliste du Concert de la Loge olympique, prend contact avec Haydn par l’intermédiaire de Chevalier de Saint-Georges et passe commande, en 1785, des six symphonies « parisiennes ». La 2ème des Symphonies parisiennes est surnommée « La poule » en raison du caquètement entendu dans le premier mouvement.
Le Concerto pour trompette signe sa rencontre avec Anton Weidinger
La même année de 1785, Haydn fréquente Mozart. Même si 24 ans les séparent, une grande amitié et admiration réciproque naît entre les deux compositeurs qui jouent ensemble des quatuors. Mozart est à l’alto, Haydn, lui, au violon. Mozart dédie six quatuors à son aîné et Haydn adhère à une loge maçonnique à l’instar de son ami. En 1790, le prince Nicolas Ier Esterházy meurt et son fils et successeur Anton congédie une grande partie des instrumentistes. Concernant Haydn, il le libère de ses obligations de maître de chapelle tout en maintenant son salaire. Très demandé à Londres, Haydn entreprendra alors deux fois le voyage. Le premier a lieu en 1791 – il y apprend le décès de Mozart – et le second en 1794.
Il composera lors de ces deux séjours, les 6 dernières Symphonies londoniennes et plusieurs trios avec piano, dont la partie de piano est cette fois destinée au pianoforte anglais et non plus autrichien. Entre ses deux voyages à Londres, Haydn prend le jeune Beethoven de 22 ans comme élève. Il deviendra son héritier musical, même si leur relation se dégrada par la suite. À son retour définitif d’Angleterre en août 1795, auréolé du titre de docteur honoris causa que lui a décerné l’Université d’Oxford, Haydn est considéré comme « le plus grand compositeur vivant ». Le nouveau prince Esterházy alors en place, Nicolas II, n’apprécie pas la musique et laisse donc son maître de chapelle disposer de son temps, n’exigeant de lui qu’une messe par an. C’est alors qu’Haydn rencontre le trompettiste Anton Weidinger, musicien à la Cour de Vienne, qui vient d’inventer un système de clefs permettant de jouer à la trompette, tous les degrés de la gamme chromatique d’une manière parfaitement juste. Cette nouveauté motive Haydn à lui écrire en 1796, son Concerto pour trompette.
Les Saisons, une musique descriptive
Disposant de tout son temps pour composer, Haydn couronne sa carrière par une série de neuf quatuors à cordes très innovants. Impressionné par les œuvres d’Haendel, qu’il avait entendu à Londres, Haydn éprouve le désir de composer des oratorios. Il écrit d’abordLa Création, qui obtient un succès retentissant. Le baronGottfried van Swieten, qui fut aussi mécène de Mozart et Beethoven, propose ensuite à Haydn un arrangement du poèmeLes Saisons de James Thomson. La composition durera deux ans dans des conditions difficiles (en raison de la maladie qui finira par emporter Haydn pendant l’occupation de Vienne par les troupes napoléoniennes en 1809) laissant de nombreuses œuvres inachevées.
Cependant, la difficulté de composition des Saisons est aussi due à Van Swieten qui multipliait les indications d’écriture, notammentpour imiter des cris d’animaux, ce qui avait le don d’exaspérer Haydn : l’épisode du coassem*nt de la grenouille est célèbre pour les tensions qu’il induisit entre les deux hommes. La manière dont la musique répond aux images n’en reste pas moins remarquable, préfigurant la Pastorale de Beethoven : chalumeaux des bergers, bourdons des cornemuses, grésillement des grillons, chants d’oiseaux, jusqu’à l’orage étourdissant, en passant bien sûr par le chœur des vendanges.
Camille Taver et David Abiker
